Une chanson pourrie à Avigny part 1

Á compter de ce vendredi 9 octobre matin, confortablement installée (toutes conditions requises), je suis sensée ouvrir mon étui de guitare, me plonger dans mes cahiers d’écriture pour relire, défricher, aboutir, composer etc, etc. Mais il y a un mais. Je n’en ai nullement l’envie ! Nous voilà bien…

Il faut dire que je travaille depuis quelques temps sur l’anti-procrastination qui se double d’une volonté farouche d’anti-injonction. On n’est pas sorti de l’auberge ! Autrement dit, je m’applique à faire ce dont j’ai fondamentalement envie dans le moment présent. Ce que notre société occidentale néo-libérale et judéo-chrétienne (hop le petit paquet cadeau) ne nous aide pas spécialement à concrétiser, voire pire en nous renvoyant perpétuellement à notre culpabilité de ce qui se fait versus ce qui ne se fait pas, travail versus loisirs, passion versus raison, bref...

Ce qui me fait envie là tout de suite maintenant, c’est de commencer un journal de bord pour conter mon périple depuis Nantes. Avec déjà l’idée de le partager. Enthousiaste et hyper motivée, je m’ouvre donc un blog. Mais très vite, je me rends également compte que cette affaire va me bouffer tout mon temps. Je ne suis quand même pas là pour faire du graphisme et me mettre la pression d’un rendu journalier auprès de mes 100 suiveurs sur Facebook ! Pourquoi toujours ce besoin de rendre compte ? Je laisse tomber le blog mais continue avec joie le journal de bord, ordinateur sur les genoux face à la campagne. On verra bien quand tout cela sortira au grand jour… Car j’aimerais que cela soit, plus tard…

Hormis ce journal, mes activités consistent en des choses très simples : marcher, cuisiner (mes hôtes ne s’en plaignent pas et me garderaient bien !), manger, boire et discuter avec Martin ou Sophie ou les deux.

Martin est scénariste et formateur. Sophie est comédienne, metteuse en scène et hypnothérapeute. Autant dire qu’à eux deux, il forme un beau couteau suisse. Nos sujets de conversations sont donc divers et variés, allant de la musique à la spiritualité, en passant par le théâtre, la médiumnité et les chakras. Cette résidence prend un virage insoupçonné. Je passe une série d’autres sujets qui pourrait en effrayer plus d’un ici, me faire passer pour une sorcière comme les autres et ce n’est pas le but de cette résidence à priori, je le rappelle (même si je sens une pointe de curiosité chez certains d’entre vous...)

Je suis comme un coq en pâte ici. Mais je n’ai toujours pas touché ma guitare. Inquiétude. Je m’en ouvre à mes amis. Que faire ? En fins psychologues qu’ils sont, ils me conseillent autour d’un bon Bourgogne de me libérer de cette idée en créant une chanson pourrie. « Quoi ???? » dis-je. Tu t’es vu quand t’as bu ? Les bras m’en tombent… Des gens aussi fins me proposent de faire une chanson pourrie. Merci bien. Je suis toutefois intriguée et demande : « c’est-à-dire ? » Sophie de me répondre : « tu vois, genre je te promets ». « Quoi ???? » redis-je. J’ai eu mal à mon Johnny, moi qui portait le souvenir mémorable d’un concert à l’Accor Arena où, dans la fosse avec les fans de la première heure, je déclamais à gorge déployée tous les tubes de l’idole des jeunes. Non je ne pouvais pas laisser dire ça.

Pourtant, avec le recul nécessaire, je remercie aujourd’hui Sophie qui, ce soir-là, déclencha chez moi un choc émotionnel si vif que je sortis enfin ma Yamaha de son étui pour m’attaquer à ce fleuron de la chanson française signé JJG pour les intimes. On n’était pas encore sur de la compo mais bon, ça progressait. Et je m’y attelais avec énergie puisqu’un concert privé de cette chanson pourrie s’annonçait en fin de résidence (le fameux concert de fin de résidence). Et quand il y a un objectif qui suscite mon intérêt, force est de constater que cela met en branle la machine.