Part I - Préambule résidence 

Un endroit très beau. Ces quatre mots sonnent à mon oreille comme un mantra‍.

Je n’ai pas cherché longtemps avant qu’ils n’arrivent. J’avais besoin d’un endroit très beau pour me ressourcer, faire le vide et créer. Faire renaître ce qui n’avait pu s’exprimer depuis deux ans*. Faire éclore ce que je suis vraiment, ce qui m’anime, ce qui me touche, ce qui me fait être au monde, à ma place au sens noble du terme. Quand on est à sa place, on trouve la justesse, l’ancrage, le rayonnement pour soi et pour les autres.

J’ai trouvé cet endroit assez facilement. Je le connaissais. J’y étais venue trois ou quatre fois : pour le mariage de ses propriétaires, deux concerts et une séance photo. Que de bons souvenirs en compagnie d’amis délicieux et généreux. Que de bonnes ondes, de belles énergies. Cela ne s’explique pas. Cela se vit, se ressent.

Pourtant, il a fallu fermer une première porte pour que celle-ci s’ouvre en grand et de manière assez évidente. Je n’y avais pas pensé tout de suite. Mon premier choix s’était porté sur une virée en Finistère dans un endroit sûrement très beau, où j’aurais fait quelques heures de volontariat le matin pour construire de jolies maisons en terre (moi la bâtisseuse, cela me plaisait bien !) et où l’après-midi serait consacré à l’écriture de chansons. Joindre l’utile à l’agréable. Mais voilà : dans mes besoins, il y avait aussi la nécessité de 1- voyager léger et de 2- me sentir confortable, en mode cocooning. Ces conditions n’étant pas réunies dans mon plan A qui consistait à dormir sous une tente Quechua qui serait très probablement mouillée toute la semaine (donc moi et mes os aussi) et dans laquelle je devais reconstituer une maison entière pour me sentir cocon, autant dire repasser pour le côté léger, je pouvais difficilement répondre par la positive à cette proposition qui pourtant me faisait envie, ce d’autant que l’accueil de mon interlocuteur était vraiment très chaleureux. Dilemme.
Cela m’a valu une journée totalement anxiogène, à ne pas savoir quelle décision prendre, mon angoisse étant décuplée par la question centrale : « Mais si tu n’y vas pas, tu feras quoi, bordel ?! » (je ne pense pas avoir dit bordel sur le coup car je suis polie mais c’était vraiment le bordel dans ma tête).

Et le miracle opéra. Je te jure. Au moment même où j’ai dit non à ce projet breton, instantanément, le plan B a surgi dans mon esprit :
« alors où voudrais-tu aller ? ». Mon intuition a sorti tout de go : « Chez Martin et Sophie à Avigny ». Et elle a continué à parler pardi (mon intuition, tu me suis ?!) : « et la résidence de création s’appellera un endroit très beau ».
C’était finalement peut-être Dieu ou ses Saints. 
En tout cas, j’ai pas moufté et répondu comme une seule femme : « Ok d’accord, alors c’est parti ».

*depuis deux ans j'étais salariée dans le privé, autant dire dans un état proche de l’Ohio pour ma nature profonde...