Le gâteau
30 mars 2021. Je découvre la grange-théâtre. C’est quoi ce bordel ?! L’univers aurait-il enfin exaucé mes prières ?? Pardon, je reprends. On ne dit pas « bordel » à l’univers. On lui dit « gratitude », sinon il comprend « bordel » et là, ça peut l’être vraiment. Le bordel. Il s’agit de préciser que je pouvais difficilement énoncer un autre mot car le mois de mars m’avait laissée au tapis, dans un état corporel foutraque proche de l’Ohio, le moral à zéro.
C’est une copine rencontrée autour du composteur de quartier qui m’avait parlé de cet endroit (la grange-théâtre donc), alors que je lui évoquais mon désir de trouver, depuis bientôt quatre ans, mon endroit très beau pour y développer un projet de création artistique et d’expérimentation collective. Le propriétaire Hervé qu’elle connaissait un peu lui avait dit oui pour la visite. Qu’à cela ne tienne. Nous partons en camion, direction Thourie (smile !). Allez savoir pourquoi : avant même d’avoir vu, j’ai déjà l’intime conviction que j’enregistrerai là-bas.
En ce 30 mars, il fait un soleil radieux. Le printemps qui se croit été chauffe mon petit corps encore tout endolori. Les soubresauts du camion pour arriver jusqu’à bon port en rajoutent une couche. Et oui nous sommes au fin fond de la campagne, à la croisée de l’Ille-et-Vilaine et de la Loire-Atlantique.
Mais comment se fait-il, moi qui ai épluché par le passé tous les petits lieux de concerts autour de Nantes que celui-ci m’ait échappé ? Mystère… Peut-être parce qu’ici nous sommes en Bretagne (la nantaise est blagueuse). Une sorte de lieu d’irréductible gaulois où visiblement il se passe des choses fort sympathiques : concerts, stages, festival, résidences… J’arrive avec mon petit dossier d’entrepreneuse sous le bras, on ne sait jamais…
Hervé nous accueille pour le déjeuner. Il est déjà au travail… dans sa chaise longue !
Je découvre les yeux grands ouverts et coche discrètement toutes les cases de mon dossier au fil de la journée. Et cette vue, mais cette vue ! L’univers (ou le druide du coin) est en train de me servir un gâteau d’anniversaire en avance, c’est énorme !
Nous dégustons notre repas partagé au soleil. Puis nous visitons le lieu, nous refaisons le monde, l’univers et nous signons moralement ce contrat d’enregistrement. J’ai peine à le croire. Je repars un peu chamboulée. J’ai mon endroit pour enregistrer.
Quelques semaines plus tard, Hervé accepte de me recevoir en résidence d’écriture. L’occasion de goûter l’endroit, de créer une nouvelle chanson et de préparer le terrain de l’automne.
Moralité : si tu as un composteur de quartier, tu ferais bien d’y aller.
Promis vendredi, je te parle de mon équipe purement féminine.
See you.