Un mastering belge
À ce stade, je crois que tout le monde a compris que l’album s’appelle « un endroit très beau » ! Depuis ma première résidence d’écriture en octobre 2020, ces quatre mots ne m’ont pas lâchée. Comme un mantra, un fil rouge, devenus une évidence : un titre d’album.
En cette mi-février, « Un endroit très beau » a donc quitté la France et sa bande de nouveaux-nés comme lui (cf chronique mixage à la Bergerie), direction la Belgique pour se faire masteriser. Depuis le départ, j’avais à cœur que ce projet, conçu artistiquement avec des femmes exclusivement, le soit jusqu’au bout. Mais rien n’était gagné. Le mastering est vraiment un travail très spécifique et déjà les ingé son femmes plus rares, alors…
Je demande à Jean-Mi (du métier) qui m’avait gentiment confié du matériel pour l’enregistrement : « tu as des contacts de femmes qui font du mastering ? ». J’ai senti le ? Visiblement, il n’avait pas. J’avoue : je n’étais pas peu fière d’avoir déjà deux contacts féminins dans ma besace. Mais, un petit troisième ne m’aurait pas déplu. J’avais une Marie de Paris et une Géraldine de Bruxelles. Comment vous dire...Le choix fût assez évident. Qu’une Géraldine applique le vernis sonore final de l’album d’une autre, il y avait comme une boucle qui se bouclait fort joliment. La reine de la symbolique que je suis était parfaitement comblée.
Rewind : en cette fin novembre 2021, en Bourgogne pour une mise au vert bien méritée après l’enregistrement, je contacte Géraldine par mail. Elle me répond avec enthousiasme et simplicité : oui elle accepte de masteriser mon disque. Joie !!!
Je connais sa réputation par Julie, mon amie belge, chanteuse elle-aussi, mais aussi par ses collaborations nombreuses de renom, notamment avec Dominique A. Évidemment, cela fait plaisir qu’une Géraldine, de surcroît reconnue dans son domaine, jette une oreille attentive et intéressée à votre projet. Mais pouvait-il en être autrement , tant la fluidité fait partie du chemin depuis le début. Alors tout simplement, j’accueille le cadeau :)
Forward 2022 : les mix sont donc arrivés à Bruxelles par les voies de l’Internet aux studios Détours de Géraldine à Bruxelles. Un peu de Belgique dans mon album ne me déplaît pas. J’aime ce pays et la coolitude de ses habitants. C’est peut-être un cliché mais il se vérifie dans nos échanges tranquilles et sans empressement. J’imagine les majors parisiennes lui tombant dessus avec des deadlines serrées, des producteurs stressés et pas sympas. C’est peut-être un autre cliché mais cela doit bien arriver ! A moins que non, qu’elle ne les attire pas tout simplement, cela ne m’étonnerait pas. Moi qui suis mon propre producteur, je me dis que définitivement je ne fais pas le même métier que d’autres. Enfin si. Mais non. Je me situe plus du côté de l’artisan. Artisane productrice, voilà c’est ça.
Pour rappel, les morceaux ont tous été joués en live dans des lieux différents, donc avec des contraintes spécifiques dont on ne peut faire fi…notamment des instruments ou des voix qui « repissent » dans les micros des autres (ce qui n’est pas le cas en enregistrement studio où tout est bien séparé, net et donc « bien propre ») Ces imperfections font la marque de fabrique et le charme du projet, je les revendique à 200 %. Mais parfois j’oublie. J’oublie que mes envies ne sont pas toujours compatibles avec ce qui a été fait, ou tout du moins il faut y arriver par un autre chemin : le chemin de traverse. Et grâce à l’écoute et au savoir-faire de Salomé et Géraldine, nous avons réussi à prendre ce chemin des écoliers fort bucolique et loin d’être monotone.
Notre collaboration à trois se poursuit car j’ai encore besoin des retours de Salomé : une écoute à 6 oreilles n’est pas de trop. Je me sens parfois défaillir quand Salomé m’annonce « juste un poil trop de médium dans la voix autour de 600-900Hz ». Géraldine ne bronche pas, toujours très à l’écoute de nos retours. De la dentelle, je vous dis, jusqu’au bout. Les versions se succèdent. Nos échanges téléphoniques ou mails alternent entre un « bonjour Géraldine » et un « salut Géraldine », me donnant le sentiment de me parler à moi-même dans une fluidité parfaite !
Le mastering validé, il inclut en fin de course le minutage entre les morceaux, qui donne le rythme global de l’album et fait sa cohérence d’ensemble. Certains morceaux vont s’enchaîner plus vite ou plus lentement que d’autres, c’est selon et ce n’est pas le fruit du hasard. Cinq versions plus tard, il semblerait en cette mi-mars que le son soit prêt. Après, il faut l’avouer, une petite obsession tenace sur la demi-seconde manquante entre les deux premiers morceaux. Mais quand il s’agit de clore, peut-on faire sans ce petit trac de fin ?
Il ne manque plus désormais que l’écrin pour déposer le bijou…